Le prévôt Cheliax chez les Ploucs _ vol. 1

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Le prévôt Cheliax chez les Ploucs _ vol. 1

20 janv. 2017, 16:48

J’aime bien me promener avec mes humains, on ne s’ennuie jamais. Leur dernière idée, ça a été d’accepter la mission confiée par une petite bipède toute timide, qui avait perdu son beau-frère ancien alcoolique reconverti dans la collecte de taxes. Apparemment, un pauvre village perdu dans les marais avait oublié de s’acquitter de l’impôt depuis 15 ans, accumulant un sérieux retard sur ses créances. La ptite bonne-femme avait donc envoyé son beauf’ récupérer l’argent, et ne le voyant pas revenir, a décidé de demander de l’aide aux héros de Pointesable.

Et nous voilà partis comme des saltimbanques sur la route du nord, pour aller remettre la main sur le collecteur, et sa collecte.
Le voyage a été un peu long, je dois dire, surtout avec mes petites pattes. D’ailleurs, j’ai exigé de mon humain qu’il me transporte sur son cheval une partie du voyage, pour soulager mes jambons.
Une fois sur place, la curiosité a vite laissé place à la consternation : Brandecorbin, le village que nous cherchions, n’était qu’un amoncellement de huttes et cabanes en bois, peuplées de bipèdes un peu allumés, et dénués de tout le confort moderne. Pas moyen, par exemple, d’y trouver une pomme ou des restes corrects de repas. Et pourtant, veuillez croire que je ne suis pas difficile.
Après un premier contact un peu rude avec la population locale et ses coutumes étranges (notre cracheur de feu à bâton magique ayant eu la bonne idée de faire exploser le moustique géant de compagnie de l’un des autochtones), nous avons pu découvrir le village dans toute sa splendeur : une bourgade reculée, isolée, vivant de pêche, d’élevage et de culture le long de la Charbonneuse, la rivière locale cradingue (enfin, quand je dis cradingue, c’est juste que même comme soue, je n’en voudrais pas). Ces locaux vouent un culte à une divinité étrange, le gardien des rêves, qui semble être un aspect local d’une des divinités de mes bipèdes, Desna, je crois.
Nous avons été reçus par le bourgmestre du coin, qui possède la seule maison potable du bled – et j’entends par potable qu’elle dispose de quelque chose ressemblant à des pierres de taille dans ses matériaux. Le type avait l’air amical, et s’est tout de suite engagé à honorer sa dette, sans pour autant savoir ce qui était advenu du précédent collecteur d’impôts. A l’entendre, il était venu plein de suffisance et d’agressivité, méprisant les coutumes locales et exigeant son dû, et s’était ensuite volatilisé avec l’argent.
Ce qui n’a pas manqué de soulever mon intérêt d’enquêteur, c’est que le Maire semblait prêt à repayer la somme, sans discuter ni sourciller. Bien sûr, aucun de mes bipèdes n’a relevé cette anomalie. Mais j’ai bien compris depuis le temps qu’ils sont indécrottables.

Toujours dans la jovialité, le bourgmestre nous a proposé de participer à la fête mensuelle, une vieille tradition locale destinée à repousser le mal, ou une sottise du genre. En soi, la fête était sympathique : alcool local, mets locaux (passablement révoltants si vous voulez mon avis, et là encore, je ne suis pas difficile, mais le boudin de moustique géant ou le champignon de moisissure, ce n’est pas ma conception de la gastronomie), jeux en tous genres. D’ailleurs, mon humain n’a pas pu s’empêcher de participer à cette pratique humiliante consistant a essayer d’attraper un congénère enduit de graisse. D’ailleurs, le spécimen choisi comme victime me semblait à la fois très très con, et pas trop dans son assiette. Le bipède blond brillant a décidé de se joindre à la fête, histoire de se faire quelque tâche de boue sur son habit immaculé.
Ce qui s’est passé après était tout à fait surprenant : après que mon humain ait gagné la partie, mon congénère est rentré dans une espèce de transe, avant de tomber raide mort, et d’exploser littéralement, laissant place à une créature aberrante. Tous mes bipèdes ont sauté sur l’occasion pour libérer un peu de frustration, et ça en a été vite fini de la bestiole.
Là encore, il y avait de quoi s’interroger. Ces enquêteurs du dimanche ont fait quelques investigations, et ont trouvé un champignon bizarre susceptible d’être à l’origine du phénomène, mais sans plus de renseignements.
Là-dessus, tout le monde est passé à table, avant l’élection de la plus belle fille du village. La gagnante était effectivement mignonne, comme bipède, mais un peu maigre à mon goût. Et pas farouche pour un sou, à conter fleurette au bipède tombeur qui avait déjà démontré à Pointesable comme la sexualité humaine est une source d’ennuis.
Tout le monde est ensuite parti se coucher, puisqu’apparemment, la coutume veut qu’à la fin de la fête, tout le monde absorbe des herbes narcotiques, pour se plonger en léthargie. Drôle d’idée.
Nous sommes donc rentrés chez le Maire, pour aller dormir.
- Pardon, M'sieur, elle est à vous la hache à deux mains ?
- Oui ?
- Bon, vous voudriez bien l'enlever de mon crâne, parce qu'elle me gêne pour boire ma bière.
[---]
- Merci, trop aimable ...

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