Re: Compte-rendu d'aventure
Publié : 22 déc. 2014, 00:20
Journal d'Hildr - (partie 2/2)
Lorsqu'enfin nous arrivâmes à Rohald, il faisait nuit noire. Notre jarl ne serait pas content d'être réveillé en pleine nuit mais l'affaire était grave et nous le fîmes aller quérir sans tarder.
Sachant qu'il se montrerait davantage bienveillant envers moi que mes camarades masculins, je me chargeai de le tenir au fait des derniers événements, sans oublier l'inexplicable tentative d'évasion qui s'était déroulée plus tôt.
Il fit venir à lui les trois hommes que nous lui avions ramenés et convint du rang des deux guerriers : Gorm et Eirik Ottarson étaient bel et bien les fils du jarl ennemi. Mais en raison de leur impolitesse et leur impertinence, ces derniers furent envoyés dormir à la porcherie en attendant le lendemain que Hrolf décide de leur sort. Dans le même temps, le marchand malmené fut escorté à la maison des hôtes sous la garde de quelques hirdmen. Quant à nous, en guise de punition, nous dûment veiller sur les fils Ottarson... dans la porcherie.
Complètement éreintés par le voyage et le manque de sommeil, mes camarades s'endormirent bien vite, en dépit du manque de confort des lieux, tout comme nos prisonniers. Thorgrimm qui avait pris le premier tour de garde avec moi ronflait plus fort que les autres... Je restai donc seule à veiller, bien trop inquiète pour baisser la garde. Aussi fus-je aux premières loges lorsque j'entendis Gizur suffoquer dans son sommeil. En hâte, je le secouai pour le réveiller, sentant une présence invisible et malveillante à son contact :
- Gizur !! Réveille toi ! Et vous autres aussi !! Il se passe quelque chose d'anormal!
Lorsqu'il fut complètement réveillé, Gizur se plaignit de douleurs au torse et nous constatâmes tous avec effarement de grandes traces rougeâtres sur sa cage thoracique.
Etait-ce la fatigue qui embrumait notre discernement ? Car malgré l'étrangeté de cette agression, personne ne s'alarma outre mesure et même moi, en dépit de ma volonté de veiller jusqu'au matin, je finis par sombrer dans un sommeil agité.
Dans le cauchemar que je fis, je m’enfuyais, poursuivie et haletante: on en voulait à ma vie !... Mais ce n'était pas qu'un songe ; une gifle me fit ouvrir les yeux et je vis Thorgrimm et Ingwe au dessus de moi. Aucun mot ne sortit de ma bouche et je continuai de suffoquer, écrasée sous un poids invisible.
- Il y a quelque chose ou quelqu'un sur elle ! J'arrive à le sentir ! hurla Ingwe en panique.
Tandis que les autres se réveillaient à cause du vacarme, je vis Thorgrimm dégainer sa hache et la placer sur le cou de l'un des prisonniers :
- Fantôme ! Lâche la immédiatement ou elle ne sera pas la seule à mourir ici !
Instantanément la pression sur mon torse se relâcha et j'aspirai une grande bouffée d'air.
Quelle prodigieuse intuition avait guidé mon ami !! La force invisible qui avait sectionné les liens des prisonniers était de nouveau à l’œuvre et visiblement elle tenait à ce qu'ils restent en vie.
Mais de qui s'agissait-il ? Volva ennemie surpuissante ? Fantôme du frère défunt ? Esprit vagabond de la sœur inanimée ?
Le second prisonnier, plus à l'écart, était le seul à dormir encore et chose étrange, il parlait dans son sommeil. Dès que j'eus repris mes esprits -non sans avoir constaté au passage que j'avais désormais les mêmes marques sur le torse que Gizur, je m'approchai et giflai l'Arnkel aussi violemment que j'en étais capable : il se réveilla en sursaut.
- A qui parlais-tu ?
- Hein ? Quoi ? Mais qu'est ce qui vous prend, espèce de folle !?
- A qui parlais-tu ? répétai-je en haussant à peine le ton. Tu parlais dans ton sommeil, dis moi à qui !
- … Je rêvai de mon frère que vous avez assassiné, chiens !
A ce moment là, les cochons qui nous entouraient, placides jusque là, commencèrent à se rapprocher de nous en grognant. Lorsqu'ils firent mine de nous attaquer, Thorgrimm décréta qu'il n'avait pas dégainé sa hache pour rien et qu'il y aurait du jambon au dîner...
Dehors l'aube pointait et tandis que nous sortions en hâte pour avertir notre jarl des derniers événements de la nuit, un chien du village, habituellement tranquille, vint à notre rencontre et se mit à aboyer et tourner sur place : il voulait qu'on le suive et c'est ce que nous fîmes.
Arrivés devant la maison des hôtes, il s'arrêta devant la porte en grognant pour aboyer de toutes ses forces... Il avait visiblement un message pour nous et il ne lui manquait que la parole...
De retour dans la maison longue, nous constatâmes que notre jarl n'était pas de meilleure humeur qu'à son premier réveil.
Nous lui narrâmes en détails ce qui venait de se passer sans oublier d'évoquer nos théories sur le fantôme vengeur. Frustrée de ne pas avoir pu véritablement communiquer avec ce dernier lorsqu'il possédait des animaux, je me proposai publiquement comme « réceptacle » afin de lui prêter ma voix pour qu'il puisse nous exposer clairement son but. Mais il ne se passa rien... à ce moment-là du moins.
Ce n'est qu'en sortant de la maison longue que le fantôme décida de s'exprimer à travers moi ; je n'en garde personnellement aucun souvenir mais mes camarades m'ont raconté qu'ils m'avaient vu en transe, tandis que je me prétendais le fils Ottarson défunt et que j'exigeais que l'on ramène le coupable du viol de ma sœur en terre Arnkel.
Hrolf décida que c'était la décision la plus sage et nous repartîmes donc aussitôt, en bateau cette fois avec pour mission de livrer le fuyard au clan Arnkel. J'espérais que ce gage de bonne foi suffirait à préserver le semblant de paix entre nos clans mais je ne donnais pas cher de nos peaux sans un argument de poids... ou de beaux otages ! Aussi fut-il décidé de laisser les deux frères Ottarson à Rohald, après leur transfert dans la maison des hôtes : leurs vies contre les nôtres, avec un peu de chance, tout le monde s'en sortirait pas trop mal.
Arrivés au port de Gunnvor, en terre Arnkel, nous fûmes aussitôt repérés à cause du marchand honni que nous escortions et rapidement conduits devant le jarl, Ottar Stigsson. En suivi des présentations froides mais courtoises de rigueur et de l'assurance que deux de ses trois fils étaient en bonne santé à Rohald tandis que le corps du dernier avait été inhumé avec tous les honneurs dus à son rang, il nous apprit que sa fille Astrid était sortie de sa léthargie et la fit venir auprès de lui.
Un sentiment de colère m'envahit en voyant la jeune femme magnifique qui venait d’apparaître perdre tous ses moyens et s'effondrer en larmes à la simple vue du misérable que nous avions ramené... Le doute n'était plus permis quant à la culpabilité d'Ygnar Gnorsson, ce porc ignoble pour qui nos clans avait failli entrer en guerre.
Je ne détournai pas les yeux lorsqu'Ottar dégaina son épée pour le décapiter et rendre ainsi justice à sa fille.
Restait qu'un de ses fils avait perdu la vie dans l'histoire. Tandis que je lui assurais que Reidar était mort en guerrier dans le combat qu'il avait lui même déclenché et que ses deux autres fils lui seraient rendus sains et sauf aussitôt que nous serions de retour sur nos terres, il exigea qu'on lui retourne également l'assassin de son fils afin que ce dernier soit jugé par leur thing et qu'un prix de sang soit payé. Je jettai un rapide coup d'oeil à Thorgrimm qui ne broncha pas plus que mes autres camarades et informai Ottar que nous allions de ce pas porter sa requête à notre jarl.
Avant que nous partions, il m'offrit en public un bijou de grande valeur que je n'osai refuser...
Pour la seconde fois en peu de temps, il me tardait de rentrer à Rohald.
De retour chez nous, nous fîmes notre rapport à Hrolf qui estima que la demande d'Ottar était légitime et renvoya donc ses deux fils chez eux, accompagnés de Thorgrimm qui devrait faire face au jugement Arnkel et d'Ingwe qui s'était porté volontaire en tant que témoin, non sans avoir au passage négocié auprès de Hrolf deux ou trois vaches d'avance en vue du prix du sang « juste au cas où ».
Mal à l'aise à cause du précieux cadeau que j'avais reçu, je préférai ne pas retourner la-bas et restai donc à Rohald, en priant les dieux que mes amis reviennent sains et saufs de cette nouvelle expédition.
Mes prières furent entendues et je souris en voyant revenir Ingwe et Thorgrimm : nous avions évité la guerre de clans.
Mais le répit fut de courte durée : un matin, Hrolf nous fit convoquer à la maison longue.
Cela faisait trois nuits consécutives qu'il rêvait de bains de sang, de montagnes d'os et de la destruction de notre clan.
J'interrogeai les os mais ils ne me parlèrent pas.
Et la décision du jarl tomba aussitôt comme un couperet :
- Préparez vos affaires : vous partez sur le champ interroger la Dame de Givre !
Lorsqu'enfin nous arrivâmes à Rohald, il faisait nuit noire. Notre jarl ne serait pas content d'être réveillé en pleine nuit mais l'affaire était grave et nous le fîmes aller quérir sans tarder.
Sachant qu'il se montrerait davantage bienveillant envers moi que mes camarades masculins, je me chargeai de le tenir au fait des derniers événements, sans oublier l'inexplicable tentative d'évasion qui s'était déroulée plus tôt.
Il fit venir à lui les trois hommes que nous lui avions ramenés et convint du rang des deux guerriers : Gorm et Eirik Ottarson étaient bel et bien les fils du jarl ennemi. Mais en raison de leur impolitesse et leur impertinence, ces derniers furent envoyés dormir à la porcherie en attendant le lendemain que Hrolf décide de leur sort. Dans le même temps, le marchand malmené fut escorté à la maison des hôtes sous la garde de quelques hirdmen. Quant à nous, en guise de punition, nous dûment veiller sur les fils Ottarson... dans la porcherie.
Complètement éreintés par le voyage et le manque de sommeil, mes camarades s'endormirent bien vite, en dépit du manque de confort des lieux, tout comme nos prisonniers. Thorgrimm qui avait pris le premier tour de garde avec moi ronflait plus fort que les autres... Je restai donc seule à veiller, bien trop inquiète pour baisser la garde. Aussi fus-je aux premières loges lorsque j'entendis Gizur suffoquer dans son sommeil. En hâte, je le secouai pour le réveiller, sentant une présence invisible et malveillante à son contact :
- Gizur !! Réveille toi ! Et vous autres aussi !! Il se passe quelque chose d'anormal!
Lorsqu'il fut complètement réveillé, Gizur se plaignit de douleurs au torse et nous constatâmes tous avec effarement de grandes traces rougeâtres sur sa cage thoracique.
Etait-ce la fatigue qui embrumait notre discernement ? Car malgré l'étrangeté de cette agression, personne ne s'alarma outre mesure et même moi, en dépit de ma volonté de veiller jusqu'au matin, je finis par sombrer dans un sommeil agité.
Dans le cauchemar que je fis, je m’enfuyais, poursuivie et haletante: on en voulait à ma vie !... Mais ce n'était pas qu'un songe ; une gifle me fit ouvrir les yeux et je vis Thorgrimm et Ingwe au dessus de moi. Aucun mot ne sortit de ma bouche et je continuai de suffoquer, écrasée sous un poids invisible.
- Il y a quelque chose ou quelqu'un sur elle ! J'arrive à le sentir ! hurla Ingwe en panique.
Tandis que les autres se réveillaient à cause du vacarme, je vis Thorgrimm dégainer sa hache et la placer sur le cou de l'un des prisonniers :
- Fantôme ! Lâche la immédiatement ou elle ne sera pas la seule à mourir ici !
Instantanément la pression sur mon torse se relâcha et j'aspirai une grande bouffée d'air.
Quelle prodigieuse intuition avait guidé mon ami !! La force invisible qui avait sectionné les liens des prisonniers était de nouveau à l’œuvre et visiblement elle tenait à ce qu'ils restent en vie.
Mais de qui s'agissait-il ? Volva ennemie surpuissante ? Fantôme du frère défunt ? Esprit vagabond de la sœur inanimée ?
Le second prisonnier, plus à l'écart, était le seul à dormir encore et chose étrange, il parlait dans son sommeil. Dès que j'eus repris mes esprits -non sans avoir constaté au passage que j'avais désormais les mêmes marques sur le torse que Gizur, je m'approchai et giflai l'Arnkel aussi violemment que j'en étais capable : il se réveilla en sursaut.
- A qui parlais-tu ?
- Hein ? Quoi ? Mais qu'est ce qui vous prend, espèce de folle !?
- A qui parlais-tu ? répétai-je en haussant à peine le ton. Tu parlais dans ton sommeil, dis moi à qui !
- … Je rêvai de mon frère que vous avez assassiné, chiens !
A ce moment là, les cochons qui nous entouraient, placides jusque là, commencèrent à se rapprocher de nous en grognant. Lorsqu'ils firent mine de nous attaquer, Thorgrimm décréta qu'il n'avait pas dégainé sa hache pour rien et qu'il y aurait du jambon au dîner...
Dehors l'aube pointait et tandis que nous sortions en hâte pour avertir notre jarl des derniers événements de la nuit, un chien du village, habituellement tranquille, vint à notre rencontre et se mit à aboyer et tourner sur place : il voulait qu'on le suive et c'est ce que nous fîmes.
Arrivés devant la maison des hôtes, il s'arrêta devant la porte en grognant pour aboyer de toutes ses forces... Il avait visiblement un message pour nous et il ne lui manquait que la parole...
De retour dans la maison longue, nous constatâmes que notre jarl n'était pas de meilleure humeur qu'à son premier réveil.
Nous lui narrâmes en détails ce qui venait de se passer sans oublier d'évoquer nos théories sur le fantôme vengeur. Frustrée de ne pas avoir pu véritablement communiquer avec ce dernier lorsqu'il possédait des animaux, je me proposai publiquement comme « réceptacle » afin de lui prêter ma voix pour qu'il puisse nous exposer clairement son but. Mais il ne se passa rien... à ce moment-là du moins.
Ce n'est qu'en sortant de la maison longue que le fantôme décida de s'exprimer à travers moi ; je n'en garde personnellement aucun souvenir mais mes camarades m'ont raconté qu'ils m'avaient vu en transe, tandis que je me prétendais le fils Ottarson défunt et que j'exigeais que l'on ramène le coupable du viol de ma sœur en terre Arnkel.
Hrolf décida que c'était la décision la plus sage et nous repartîmes donc aussitôt, en bateau cette fois avec pour mission de livrer le fuyard au clan Arnkel. J'espérais que ce gage de bonne foi suffirait à préserver le semblant de paix entre nos clans mais je ne donnais pas cher de nos peaux sans un argument de poids... ou de beaux otages ! Aussi fut-il décidé de laisser les deux frères Ottarson à Rohald, après leur transfert dans la maison des hôtes : leurs vies contre les nôtres, avec un peu de chance, tout le monde s'en sortirait pas trop mal.
Arrivés au port de Gunnvor, en terre Arnkel, nous fûmes aussitôt repérés à cause du marchand honni que nous escortions et rapidement conduits devant le jarl, Ottar Stigsson. En suivi des présentations froides mais courtoises de rigueur et de l'assurance que deux de ses trois fils étaient en bonne santé à Rohald tandis que le corps du dernier avait été inhumé avec tous les honneurs dus à son rang, il nous apprit que sa fille Astrid était sortie de sa léthargie et la fit venir auprès de lui.
Un sentiment de colère m'envahit en voyant la jeune femme magnifique qui venait d’apparaître perdre tous ses moyens et s'effondrer en larmes à la simple vue du misérable que nous avions ramené... Le doute n'était plus permis quant à la culpabilité d'Ygnar Gnorsson, ce porc ignoble pour qui nos clans avait failli entrer en guerre.
Je ne détournai pas les yeux lorsqu'Ottar dégaina son épée pour le décapiter et rendre ainsi justice à sa fille.
Restait qu'un de ses fils avait perdu la vie dans l'histoire. Tandis que je lui assurais que Reidar était mort en guerrier dans le combat qu'il avait lui même déclenché et que ses deux autres fils lui seraient rendus sains et sauf aussitôt que nous serions de retour sur nos terres, il exigea qu'on lui retourne également l'assassin de son fils afin que ce dernier soit jugé par leur thing et qu'un prix de sang soit payé. Je jettai un rapide coup d'oeil à Thorgrimm qui ne broncha pas plus que mes autres camarades et informai Ottar que nous allions de ce pas porter sa requête à notre jarl.
Avant que nous partions, il m'offrit en public un bijou de grande valeur que je n'osai refuser...
Pour la seconde fois en peu de temps, il me tardait de rentrer à Rohald.
De retour chez nous, nous fîmes notre rapport à Hrolf qui estima que la demande d'Ottar était légitime et renvoya donc ses deux fils chez eux, accompagnés de Thorgrimm qui devrait faire face au jugement Arnkel et d'Ingwe qui s'était porté volontaire en tant que témoin, non sans avoir au passage négocié auprès de Hrolf deux ou trois vaches d'avance en vue du prix du sang « juste au cas où ».
Mal à l'aise à cause du précieux cadeau que j'avais reçu, je préférai ne pas retourner la-bas et restai donc à Rohald, en priant les dieux que mes amis reviennent sains et saufs de cette nouvelle expédition.
Mes prières furent entendues et je souris en voyant revenir Ingwe et Thorgrimm : nous avions évité la guerre de clans.
Mais le répit fut de courte durée : un matin, Hrolf nous fit convoquer à la maison longue.
Cela faisait trois nuits consécutives qu'il rêvait de bains de sang, de montagnes d'os et de la destruction de notre clan.
J'interrogeai les os mais ils ne me parlèrent pas.
Et la décision du jarl tomba aussitôt comme un couperet :
- Préparez vos affaires : vous partez sur le champ interroger la Dame de Givre !